Ensemble malgré tout

Un documentaire d’Angélique Kourounis et Thomas Iacobi

Problématique

Mais les habitants de ces trois villages, l’un au Kosovo, le second à Chypre et le troisième en Israël, ont sciemment choisi de vivre ensemble, chacun de façon différente [...]

Lettre d’intention

Aujourd’hui, Angélique et Thomas souhaitent raconter les histoires croisées des choix de ces militants d’un autre genre [...]

Les guerres éclatent un peu partout. Elles dévastent, détruisent, ravagent. Souvent elles sont le produit d’une haine séculaire entre différentes ethnies ou nations. Mais tout aussi souvent deux peuples, deux minorités dont les patries s’affrontent, dont les états se disent même ennemis, vivent dans le même village. Pourtant la survie de l’un implique l’amputation du pays de l’autre. La fête nationale de l’un est jour de deuil pour l’autre, et la cohabitation des deux est perçue comme une faiblesse, voire une trahison par le reste de leur communauté.

De tels villages existent : au Kosovo, à Chypre et en Israël. Le quotidien prend le pas sur les raisons d’état et au lieu de se haïr, on s’y apprivoise, on s’y découvre et finalement on y accepte de continuer à vivre ensemble.

C’est les histoires croisées de ces villages que nous voudrions raconter via les témoignages de leurs habitants.

Problématique

Les questions demeurent. Quelle histoire enseigner aux enfants du village ? Comment fêter l’indépendance du Kosovo quand on est serbe dans le seul village mixte du Kosovo ? Comment défendre cette mixité quand la Serbie refuse de reconnaitre l’indépendance du Kosovo ? Comment parler de la réunification à Chypre dans un village qui n’a jamais été divisé ? Comment percevoir l’autre si l’armée de son pays occupe votre maison ? Comment, en Israël, parler d’avenir commun entre Palestiniens et Israéliens quand les affrontements meurtriers autours sont quotidiens ? Comment faire face aux accusations de trahison ?

La solution la plus facile serait que chacun choisisse son camp. Mais les habitants de ces trois villages, l’un au Kosovo, le second à Chypre et le troisième en Israël, ont sciemment choisi de vivre ensemble, chacun de façon différente. D’explorer, sans tabous, ce qui peut unir, sans oublier ce qui peut diviser, et de le faire ensemble. Tenir tête, même si c’est de plus en plus difficile, à ceux qui les poussent à la division.

C’est ce quotidien, ce parti pris, cette expérience unique de ces trois villages qui ne se connaissent pas que nous voulons raconter pour trois raisons.

  1. Pour donner la parole à ces militants d’un autre genre,

  2. Pour faire connaître leur expérience qui se répète dans des pays et conditions très différentes les unes des autres,

  3. Pour prouver, alors que les extrémismes gagnent du terrain partout, que la cohabitation et le respect de l’autre sont possibles, même si on est, théoriquement, ennemis.

Lettre d’intention

Pour Angélique Kourounis et Thomas Iacobi, les questions d’appartenance à une minorité ethnique et de la loyauté envers les « mères patries » renvoient à un vécu personnel. Elles ont hanté leur enfance, empoisonnant souvent leurs relations avec les autres.

Angélique est née en France de parents grecs et a grandi dans un milieu grec, traditionnaliste, propre à la diaspora bien-pensante. Thomas, de son côté, est transylvanien, c’est à dire originaire de la minorité allemande de Roumanie ; il a grandi à Cluj, une ville également connu sous son nom allemand de Klausenbourg, dans un milieu allemand, bourgeois, intellectuel sous le régime de Ceausescu – la ville où son père a trouvé refuge pour faire ses études, où, bien que citoyen roumain depuis des générations, il pouvait cacher ses origines germaniques afin de ne pas être persécuté comme « hitlérien. »

Les problématiques étaient parfois différentes, l’une appartenant à une communauté immigrée, l’autre étant issu d’une minorité établie depuis des siècles, mais les points communs étaient flagrants. Il fallait toujours se positionner par rapport à l’une ou l’autre de ses identités. Es-tu grecque ou française, allemand ou roumain ? Préfères-tu la France ou la Grèce, la Roumanie ou l’Allemagne? S’il y a la guerre entre la Roumanie et l’Allemagne, quel parti prendras-tu ? Cette dernière question s’est posée de manière particulièrement rude pour la mère de Thomas, transylvanienne allemande, qui avait payé sa double appartenance de trois ans dans les camps de travail de Staline – et ce, malgré le fait qu’elle n’avait jamais été nazie de sa vie, que, pendant la guerre, elle avait caché des pilotes de la résistance parachutés dans sa région. Etant d’origine allemande, pour les Roumains elle devait payer la guerre d’Hitler. On ne lui a pas laissé le choix ni le bénéfice du doute.

Enfants, Angélique et Thomas ne savaient que répondre à ces questions. Adultes, ils ont choisi d’en faire des films, allant à la rencontre de ceux qui, comme eux, n’avaient pas de réponse à fournir – jusqu’à la découverte de trois villages mixtes à Chypre, au Kosovo et en Israël. Ils y ont trouvé pour la première fois des gens dont le choix délibéré est de ne pas répondre, mais d’agir et de proposer un autre mode de vie.

Aujourd’hui, Angélique et Thomas souhaitent raconter les histoires croisées des choix de ces militants d’un autre genre. Ils sont souvent isolés, mais leur expérience unique se répète dans différents pays, sous des conditions très différentes les unes des autres. Alors que l’extrême-droite, le racisme et même le nazisme gagnent du terrain partout dans le monde, ces trois villages prouvent que la cohabitation et le respect de l’autre sont possibles, même si, théoriquement, on est ennemi.

Biographies

Angélique Kourounis

Correspondante pour la Grèce et les Balkans pour différents médias francophones, basée à Athènes

Nationalités grecque et française

Langues : français, grec, anglais, espagnol courants ; notions d’albanais et de turc

Diplômée de l’Institut des hautes études Internationales (Paris ­Sorbonne), Licence d’histoire et de sciences politiques (Paris VIII)

Thomas Iacobi

Correspondant basé à Athènes pour différents médias francophones (La Croix, Deutsche Welle, Econostrum, Radio Fribourg, Radio Jura)

Nationalité allemande

Langues : allemand, français, anglais, espagnol, roumain et grec courants

Co-auteurs/co-réalisateurs de :

« Chypre : une réconciliation est-elle possible ? » (8 min, 2017, RTSR) – En cours de soumission au festival Courts Devant de Paris (2017)

« Aube Dorée, une affaire personnelle » ­(90 min, 2016, ARTE, OmniaTV) – Prix Averroès junior au Primed 2016 (Marseille), prix spécial du jury au LAGAFF à Los Angeles, sélectionné aux festivals de Thessalonique, Kalamata, Los Angeles, Toronto, Barcelone, Londres, Lyon, Marseille, Cannes, Avanca, Berlin, Prague, Bruxelles, Tirana

« Mont Athos, dans le silence et sans femmes » ­(8 min, 2016, RTSR) – En cours de soumission au festival Courts Devant de Paris (2017)

« Newe Shalom/Wahat Al-Salam : une école pas comme les autres » (8 min, 2015, RTSR, Faut Pas Croire) – Choisi pour une série de projections dans les écoles en France pour promouvoir le “vivre ensemble”  depuis 2015

« Grèce : l’austérité qui dure » ­(8 min, 2015, RTSR, TTC)

« La Charia : c’est aussi en Europe » ­(8 min, 2015, RTSR, Faut Pas Croire)

« Transylvanie : la nostalgie saxonne » ­(8 min, 2015)

« Les Promesses d’Aube Dorée » ­(26 min, 2014, Yemaya/Arte Reportages)

« Chypre: sauver les églises et mosquées pour promouvoir la paix » ­(8 min, 2014, RTSR)

« Aube Dorée et l’Eglise orthodoxe » ­(8 min, 2013, RTSR) – Sélectionné au festival du film grec de Londres (2014)

« Albanie : La Bible contre le Kanoun » (8 min, 2013, RTSR)

« Grèce : une nouvelle frontière » ­(29 min, 2012, Envoyé Spécial, Capa/France 2)

« La Route des Roms » (14 min, 2010, CBC, Une heure sur terre)

« Chypre : les visas de l’horreur » (10mn, 2008, EPN Productions/Capa, Effet Papillon) – Sélectionné au festival du film méditerranéen de Marseille et au festival du film de Clermont-Ferrand

Travaux individuels et autres collaborations d’Angélique Kourounis

« Grèce : Solidarité – D comme débrouille » ­(9 min, 2013, Capa/Canal+) – Finaliste au festival  du film grec de Londres

« La Grèce : dégraissage général » (­9 min, 2013, Capa/Canal+, Effet Papillon)

« La Liste Lagarde » (10 min, 2012, RTSR, Mise au Point) avec Anastasios Liaros

« Grèce/Allemagne : deux vies, deux familles » (15 min, 2012, RTSR, Toutes Taxes Comprises)

« Grèce : Attrape-moi si tu peux » ­(9 min, 2012, Capa/Canal+, Effet Papillon)

« Grèce : moins belle la vie » (26 min, 2011, Capa/France 2, Envoyé Spécial) avec Philippe Laigner et Donatien Lemaître – record d’audimat de l’émission

« Grèce : le terrorisme en question » ­(9 min, 2011, Capa/Canal+, Effet Papillon)

« Les Irradiés du Kazakhstan » (33 min, 2010, Capa/France 2) – Prix de la parole libre aux Journées du grand reportage de Marseille 2011, sélectionné au Figra 2011, au festival du film écologique de Bourges 2011, au festival Ilaria Alpi (Italie), au Scoop d’Angers 2011

« Kazakhstan : Atomes crochus » ­(10 min, 2009, Capa/Canal+) – Prix international des médias au festival Planète Manche 2009

« Albanie : La dette de sang » (26 min, 2008, Capa/France 2, Envoyé Spécial)

« 17N: Terrorisme, l’Autre visage de la Grèce » (52 min, 2004, Phares et Balises) avec Chantal Lasbath

Co-auteure de « Trouble on the Far Right » (en anglais, éditions Transcrit, 2016)

Co-auteure de « Visages de Crise » (éditions La Libella, 2015)

« J’ai mal à la Grèce » (article paru dans le Monde du 19 juin 2013) – Sélectionné aux Assises du journalisme de Metz, 2013